Impossible d’évoquer l’année 2020 sans mentionner les grands mouvements sociaux qui l’ont agitée. De l’assassinat de George Floyd au décès de Joyce Echaquan , l’indignation s’est imposée. Pour un grand nombre d’artistes, se taire n’était plus envisageable. Il fallait écouter, remettre en question l’ordre établi, agir et changer les règles du jeu.
Découvrez Nos indispensables de l’équité qui ont fait preuve d’engagement et de leadership pour poser des gestes porteurs de justice sociale.
Merci à nos partenaires pour leurs généreux dons qui permettent d’offrir une bourse de 10 000 $ au lauréat de Nos indispensables de l’équité.
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Arts Network
Déjà guidé par un plan d’inclusion, ELAN réagit prestement aux crises sociales de 2020 par des publications et des interventions artistiques mobilisatrices. Mais ça ne s’arrête pas là : l’organisme accompagne les artistes anglophones et les dirige vers les ressources essentielles, notamment en sécurité alimentaire et en santé mentale.
En mai 2020, le comité Inclusion organise un événement en réponse au racisme et à la discrimination envers les Asiatiques, de plus en plus flagrants depuis le début de la pandémie. Staying Connected: Asian Artists in Quebec présente le travail et les préoccupations de 15 artistes asiatiques. Alors que le monde entier proteste après la mort de George Floyd, ELAN publie This Is the Time for Real Change, qui souligne les liens entre le contexte américain et les réalités vécues au Québec.
Durant cette période mouvementée, ELAN, toujours en quête d’équité, présente aussi le travail d’artistes en situation de handicap. Consultés par plus d’un millier de personnes, ses différents articles permettent aux artistes de témoigner de leurs défis individuels, exacerbés par la pandémie.
« L’équité, c’est aussi partager des ressources, incluant le pouvoir et les privilèges, avec d’autres qui y ont un accès limité. L’équité, c’est prendre position pour défendre des groupes qui vivent de la discrimination. »
— Guy Rex Rodgers, directeur exécutif, ELAN (2004-2021)
Photos (crédits)
- Conseil d’administration AGM 2019 | ELAN | avec Purna Bhattacharya, Kakim Goh, Li Li, Lori Schubert, Deirdre Potash, Isak Goldschneider, Roger Sinha, Patrick Lloyd Brennan, Keith Henderson, Quinten Sheriff, Blair Mackay, Paul Bracegirdle et Tim Piper © Nasuna Stuart-Ulin
- Staying Connected: Asian Artists in Quebec | ELAN © Courtoisie
- Disability, arts practice, and COVID-19 in Quebec | ELAN © Courtoisie
- Time for Real Change BLM | ELAN © Courtoisie
Librairie
Racines
Malgré la pandémie, la Librairie Racines ose un déploiement audacieux et se relocalise avec succès au cours de l’année 2020 : avec sa boutique en ligne et son nouvel écrin à la Plaza Saint-Hubert, ses collections d’auteur·e·s racisé·e·s deviennent encore plus accessibles, renforçant sa mission de les promouvoir.
Cocon fertile pour la clientèle étudiante, les familles ou les personnes curieuses, la Librairie Racines, comme toutes les librairies indépendantes, cherche à réinventer ce lieu de rencontre déjà dynamique. Se tournant vers le Web, elle organise des conférences, des tables rondes et des discussions intergénérationnelles, en résonance solidaire avec le mouvement Black Lives Matter / La vie des Noir·e·s compte, en plus d’accueillir une résidence de création en ses murs et de mettre de l’avant les littératures autochtones et LGBTQ2S+.
L’entrepreneure culturelle et militante antiraciste Gabrielle Garbeau rêvait d’offrir à son fils une meilleure connaissance de ses origines, la possibilité de se reconnaître et de se valoriser. La Librairie Racines assure la pérennité de cette promesse.
« L’équité, c’est la valorisation des différences, l’égalité des chances, le respect des autres et surtout une façon de faire flexible. L’équité, c’est une façon d’imaginer l’avenir et d’intervenir au quotidien. »
— Gabriella Garbeau, libraire et fondatrice, Librairie Racines
Photos (crédits)
1. – 2. Librairie Racines | © Courtoisie
Main Film
En écho aux mouvements Black Lives Matter / La vie des Noir·e·s compte et #moiaussi, le centre de soutien à la création cinématographique Main Film lance deux programmes majeurs afin de rejoindre, de rassembler et de mettre de l’avant des cinéastes racisé.e.s et sous-représenté.e.s, en leur offrant des activités professionnalisantes.
L’espace virtuel #MainArtist présente des artistes qui partagent leurs réflexions à propos de l’incidence des discriminations sur leur démarche créative. L’acronyme de la formation professionnelle P.R.I.S.M.E. parle de lui-même et révèle 12 Producteur.trice.s Racisé.e.s et afro-descendant.e.s Intégré.e.s pour un Secteur Médiatique Équitable. Main Film réaffirme ainsi l’importance de son engagement auprès de la communauté artistique cinématographique.
Aujourd’hui, l’initiative #MainArtist poursuit son rayonnement et la formation P.R.I.S.M.E. compte huit formateur.trice.s dont six personnes afro-descendantes et racisées. La prise de position concrète de Main Film en fait un lieu d’émergence de nouvelles voix cinématographiques diverses et inspirantes.
« Vivre la démocratie et l’égalité. Sans le reconnaître, nous vivons à moitié. Un inachèvement transmis à la génération suivante. L’équité serait de vivre pleinement, en sachant que le déséquilibre est rétabli. »
— Miryam Charles, cinéaste et coordonnatrice des programmes de soutien à la création, Main Film
Photos (crédits)
1. P.R.I.S.M.E | Main Film © Mélanie Desprez
2. P.R.I.S.M.E | Main Film | avec Juana Rubio, Fahrad Pakdel, Victoria Catherine Chan, Asmaa Hadji, Jose Guayasamin, Mohammed Marouazi, Nily Louis, Kimberley Ann Surin, Sara Ben Saud, Rimte Rocher, Maeva Montemiglio et Malcom Odd © Courtoisie
3. P.R.I.S.M.E | Main Film © Mélanie Desprez
4. #MainArtist | Main Film | avec Jorge Camarotti, Susanne Serres, Feven Ghebremariam, Vincent Toi, Ayana O’Shun, Sabiha Merabet, Justice Rutikara, Sandra Mathieu, Miryam Charles © Main Film
NIGRA
IUVENTA
Par son travail de commissariat et de mobilisation, Nigra luventa soulève des enjeux sociaux complexes et locaux au cœur de 2020. Le collectif organise une exposition aux perspectives intersectionnelles, multiplie les collaborations et interroge le rôle social des institutions muséales en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal.
Nigra luventa propose d’abord Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage : de la Fonderie Darling à son point de chute, le CDEx de l’UQAM, en passant par le Centre culturel Georges-Vanier, ce parcours approfondit les enjeux liés à la santé mentale des communautés noires. Nigra luventa s’associe ensuite au MBAM en réunissant des spécialistes racisé·e·s des arts visuels pour discuter de la représentation des communautés afro-descendantes au sein des collections muséales. Les structures de pouvoir et les discours dominants dans l’histoire de l’art sont aussi débattus avec courage.
Ces cinq rencontres, Repenser le musée, ont rassemblé 22 panélistes et 854 participant·e·s. Depuis 2015, Nigra luventa réagit concrètement à l’urgence d’inclure les personnes noires dans un dialogue dont elles ont trop longtemps été exclues.
« En alliant créativité et érudition, Nigra Iuventa souhaite rendre audibles et visibles les voix, les réalités et les expériences des communautés Noires. »
— Diane Gistal, fondatrice, Nigra luventa
Photos (crédits)
1. Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage | Kitenge Banza | Nigra Iuventa © Yassine Sanou
2. Data thives : ce que nous transmettent nos archives | Yannis Davy Guibinga | Nigra Iuventa © Edwin Isford
3. Data thives : ce que nous transmettent nos archives | Syrus Marcus Ware | Nigra Iuventa © Edwin Isford
4. Conversation MBAM – Ni d’ici, ni d’ailleurs et comment repenser la notion de maison | Shanna Strauss, Sylvia Hamilton, Joana Joachim | Nigra Iuventa © Yassine Sanou